À l’occasion de la sortie du roman Dany, nous avons voulu en savoir plus avec son auteur : Sébastien Chevrey.
Ton roman est le deuxième publié chez Antinoüs éditions, qu’est-ce que tu ressens ?
Une grande joie et beaucoup d’anxiété. Dany est un roman qui me tient à cœur, que j’ai déjà publié sur Wattpad et je l’ai même tenté en autoédition. Cette nouvelle version, je l’aime encore plus. Andrew et Kenneth ont relu mon manuscrit, se sont permis pas mal de remarques. C’est toujours dur de recevoir des critiques, mais quand elles sont constructives, elles deviennent une chance. J’ai ainsi beaucoup bossé pour améliorer ce roman, y mettre plus d’émotions, plus de profondeur. J’ai dû fouiller au plus profond de moi, me mettre à nu, coucher mes sentiments sur le papier. C’était une expérience intense.
Et bien sûr, je suis très heureux de le publier chez Antinoüs éditions. Avec Andrew, nous sommes à l’origine de ce projet de maison d’édition, qui doit nous permettre de publier nos livres avec une structure capable d’offrir aux lecteurs des ouvrages de qualité. Le fond est essentiel, mais il faut aussi y mettre les formes, pour que la lecture soit agréable et que les lecteurs aient envie de découvrir ce que nous proposons. Ainsi j’en profite pour remercier le correcteur, qui a fait un excellent travail et le graphiste qui a réalisé la couverture, il a parfaitement résumé l’esprit du livre et ceci en une seule image.
D’où vient l’idée de ce roman ?
J’aime beaucoup aller à la salle de sport. Pas seulement pour me muscler et avoir un joli corps ! C’est presque un objectif secondaire. Quand on a la fibre de l’écriture, quand on se dit auteur, la première qualité, selon moi, est d’être un observateur. Observer en permanence le monde qui m’entoure, je ne peux pas m’en empêcher ! Voir comment les autres se comportent, la manière dont ils s’habillent, parlent, bougent, les réactions qu’ils ont face à différentes situations. Surtout, m’imaginer la vie de ces inconnus. C’est ce qui m’inspire, observer une personne et lui inventer une vie : son métier, ses amis, ses amours, ses épreuves, ses joies, ses peines. La salle de sport est l’endroit idéal pour ce faire, car c’est un microcosme, la société contenue dans un petit espace.
C’est là que j’ai croisé le personnage de mon roman. Un homme, très beau, qui m’a tout de suite touché en plein cœur, au premier regard. Il était accompagné par une aide. En apparence, rien de perceptible, pourtant je pouvais noter quelques petits « problèmes », subtiles. Un homme effrayé par le monde qui l’entoure, anxieux, qui semblait avoir des soucis moteurs, il ne pouvait pas faire certains gestes comme de lacer ses chaussures. Le croisant souvent, je me suis mis à lui parler. J’ai appris à le connaître mieux. Nous aurions peut-être pu devenir amis, mais le temps nous a manqué. Dans ma tête, il est devenu Dany et cette histoire, c’est la nôtre, celle qui n’a jamais eu lieu, celle que j’aurais voulu avoir avec cet homme.
Quels sont les messages que tu veux transmettre ?
La tolérance et l’empathie. Ce sont des notions tellement importantes. La tolérance, d’abord. Nous sommes tous différents les uns des autres. On s’agace facilement des comportements dont nous n’avons pas l’habitude. On prend vite peur quand quelqu’un semble trop différent de nos standards. On ne prend que trop peu le temps de parler avec ces autres qui nous paraissent anormaux. Je déteste ce mot, et de manière générale cette idée de normalité. Cela n’existe pas, il n’y a pas de norme. Notre éducation, notre culture, font que l’on a certains standards, on attend des autres qu’ils se comportent comme nous. Mais parler de normalité voudrait dire que je suis la norme et que je peux juger les autres par rapport à moi. Or, il suffit de creuser un peu pour comprendre que je ne suis pas normal, personne ne l’est, chacun est particulier.
L’empathie, ensuite, c’est extrêmement important. Se mettre à la place de l’autre. Nous ne le faisons presque jamais. Nous jugeons de manière expéditive, selon nos critères, selon ce que nous avons vécu. Nous ne prenons pas la peine d’essayer de savoir ce que les autres ont pu traverser, le pourquoi de leur comportement actuel. Le passé et les épreuves n’excusent pas tout, il ne faut pas être empathique avec des violeurs, des meurtriers ou des terroristes. Par contre, on peut essayer de comprendre ceux qui nous entourent, pourquoi ils nous agacent parfois. Se mettre à la place de l’autre avant de le juger est ce qu’il y a de plus difficile, puisque chacun a l’impression d’être un modèle, d’être le meilleur.
Il y a d’autres thèmes forts que tu as voulu aborder.
Effectivement, des thèmes très importants. Celui du harcèlement, en premier lieu. C’est le sujet principal de ce roman. Dany n’est pas malheureux à cause de sa différence, mais par la faute des autres, qui se moquent de lui, qui le traitent de tous les noms. Je ne prétends pas savoir ce que cela fait d’être harcelé, j’ai eu la chance de ne jamais en être victime. Mais c’est un sujet qu’il est important de porter. Le harcèlement est un fléau. Tant de gens sont malheureux à cause de quelques imbéciles qui ont besoin d’un bouc émissaire pour briller. Comment peut-on ne pas se rendre compte du mal que l’on fait en traitant l’autre de tous les noms, en le rabaissant, en le harcelant ? On voit bien que ce genre de comportement conduit à des drames. Il faut en parler, il faut que cela cesse.
Le second thème que je trouve capital est celui des attouchements, jusqu’à l’abus sexuel. Là aussi il y a de nombreuses victimes et nous n’en parlons qu’épisodiquement. Je ne dis pas qu’il faudrait en parler en permanence, mais nous devrions prendre plus conscience que cela existe et est pas mal répandu. La plupart du temps, les victimes n’osent pas parler. Parce qu’elles se sentent coupables, sales, ont peur du jugement de leurs proches. C’est ainsi que les véritables coupables s’en sortent. Il y a de la méchanceté et de la cruauté chez pas mal d’humains. Il y a des souffrances incommensurables qui détruisent les victimes. Je reviens à l’empathie, il faut en avoir pour les victimes, essayer de les comprendre, de les entendre, de les aider. Je ne veux certainement pas en avoir pour les coupables !
Tu as déjà pas mal écrit, qu’est-ce que tu as appris au fil des livres ?
Chaque livre est un enseignement. On apprend à écrire en écrivant, il n’y a pas d’autre moyen. Au départ, on écrit toujours pour soi. Ou plutôt pour coucher sur le papier cette idée qui nous trotte dans la tête et qui doit devenir un roman, une nouvelle ou une pièce de théâtre. Le premier jet est très personnel, j’y balance tout, sans filtre.
Puis je me suis essayé à l’autoédition. Soudain, il y a eu la prise de conscience que mes textes allaient être lus par des gens qui auront acheté le livre. La responsabilité est différente. On ne peut pas tout écrire, on ne peut pas être trop brutal, il y a une manière d’amener les choses. Ne jamais se censurer, mais quand on prend conscience qu’on va être lu, il faut atteindre une certaine universalité. Que chacun puisse se retrouver dans le texte. Que l’histoire ne parle pas seulement à l’auteur mais aussi à ceux qui vont le lire.
L’édition au sein d’une maison à compte d’éditeur, c’est encore autre chose. On prend conscience qu’il va y avoir le regard du correcteur. C’est une pression supplémentaire. On veut être meilleur, mieux écrire. Et du coup certaines scènes sont retravaillées, parce que parfois on a envie de tomber dans la pornographie. Mais sachant que quelqu’un va passer du temps à corriger le texte, soudain on ne veut pas lui infliger ce genre de chose, des fantasmes crus. Il faut être subtile dans l’écriture, tous les thèmes et toutes les situations peuvent passer, si c’est bien écrit.
Tu as travaillé pour d’autres maisons d’édition, quels enseignements tu en tires ?
La prise de conscience de la somme de travail nécessaire pour publier un livre. Écrire le premier jet est assez facile. Pas pour tout le monde, mais moi cela ne me pose aucun problème. Je peux passer des heures à écrire, remplir des pages et des pages, aucun souci. Mais ensuite il y a tout le travail de relecture. Que l’auteur fait d’abord seul, face à son texte. Il faut que ce dernier soit déjà très bon, pour qu’une maison d’édition l’accepte.
Ensuite, j’ai vu le boulot qu’il y a, de la part de l’éditeur, à relire, faire ses commentaires, demander à l’auteur d’améliorer certains passages, remanier des pans entiers de l’histoire. Ce qu’on appréciait, quand je bossais dans une maison d’édition, c’était ma proximité avec les auteurs. J’aime travailler avec eux, les accompagner, faire en sorte qu’ils donnent le maximum d’eux-mêmes pour qu’au final, le texte soit encore meilleur que ce qu’il était au début.
Et puis, bien sûr, j’ai appris à gérer toutes les phases suivantes. Les corrections, la rédaction de la quatrième de couverture, la mise en page, la préparation de la couverture, la distribution, la diffusion, la promotion. Ce sont ces compétences que je peux apporter à Antinoüs éditions grâce à mon parcours.
Qu’est-ce que tu voudrais dire aux lecteurs ?
J’espère sincèrement qu’ils seront touchés par Dany. J’aime ce personnage, j’ai adoré écrire son histoire. Désormais, il va devenir votre ami. Enfin, c’est tout le bien que je vous souhaite.
Tu travailles déjà sur d’autres projets ?
Bien sûr, l’inspiration ne cesse jamais. Il y a beaucoup d’histoires à raconter, beaucoup de thèmes à aborder. Je n’arrêterai jamais d’écrire. Pour ce qui est de la publication, cela dépend plus des lecteurs. S’ils apprécient et font de mes romans un succès, il y en aura beaucoup d’autres !
Les lecteurs peuvent-ils te contacter ?
Je suis présent sur tous les réseaux sociaux, à part TikTok. On peut donc m’écrire en commentaires ou en messages privés. Ou alors, directement par mail, il est dans ma biographie, sur le site de la maison d’édition.
Dany, publié le 27 octobre 2023, en version papier et numérique.