L’éditeur

L’ultime relecture

Une fois que le texte est renvoyé par le correcteur, la maison d’édition reprend la main pour entamer une ultime relecture.
Le texte a déjà été relu plusieurs fois. Par l’auteur lui-même, avant qu’il ne l’adresse à la maison d’édition. Puis cette dernière effectue une relecture approfondie et commentée, pour que l’auteur soit guidé parmi les améliorations qu’il peut apporter à son histoire. Ces étapes terminées, le correcteur entre en scène. À ce stade, le texte a déjà été relu plusieurs fois.
Mais lorsqu’il revient des corrections et que, de ce fait, les fautes d’orthographe, de grammaire et de syntaxe ont été corrigées, il est temps de procéder à cette ultime relecture. Qui consiste à relire avec attention l’ensemble, car même après tant de relectures, il peut rester des coquilles. En fait, il y en a toujours. Malheureusement, même dans le texte final, proposé aux lectrices et lecteurs, il peut en subsister.
Quelle différence avec une faute ? Eh bien, c’est assez subtil. La coquille est un oubli, quelque chose qui n’a pas été vu malgré les nombreuses relectures. Elles subsistent car, l’auteur, la maison d’édition et assez rapidement le correcteur, se laissent porter par l’histoire et l’œil ne lit pas tous les mots. Seul un regard neuf, celui du lecteur, peut les identifier.

À ce stade, celui de la dernière relecture, il peut encore y avoir des modifications à apporter. Pour deux raisons.
D’abord, parce qu’une fois le manuscrit expurgé de ses fautes, la lecture se fait différemment. On ne se concentre plus sur les éventuelles erreurs d’orthographe ou de grammaire, il n’y a plus que le texte brut, on se concentre sur l’histoire elle-même.
Ensuite, parce que le temps de la correction est assez long. Il faut compter environ cinq semaines entre le moment où le correcteur reçoit le manuscrit et celui où il le rend. Ainsi, grâce à ce laps de temps, l’auteur et la maison d’édition portent un œil neuf sur le texte et certaines incohérences ressortent, que nous ne pouvions pas voir avant.
Il s’agit donc d’une étape très importante, comme toutes les étapes d’ailleurs. Mais c’est aussi un moment très particulier, puisque nous avons conscience que c’est la dernière fois que nous voyons le texte avant qu’il ne soit proposé aux lectrices et aux lecteurs. De son côté, l’auteur doit définitivement le laisser partir. Pour la maison d’édition, c’est un petit stress, car nous voulons que tout soit parfait.

Chez nous, les auteurs sont impliqués à chaque étape. Ce qui ralentit la publication d’un livre, puisque nous voulons en permanence l’avis de l’auteur lui-même. Mais nous préférons travailler ainsi.
Selon nous, ce que la maison d’édition apporte, par rapport à l’autoédition, c’est une expertise. Dans les conseils donnés à l’auteur lorsqu’il nous adresse son texte la première fois. Dans le suivi, avec lui, des corrections. Dans la rédaction de l’accroche, qui est un élément essentiel et très difficile à réussir. Puis pour la couverture, la mise en page, la promotion…
Certaines maisons d’édition oublient, malheureusement, que l’auteur est au cœur de l’activité. Sans auteur il n’y a pas de livre. Une évidence qui est parfois perdue de vue. Et ne nous dites pas qu’il y a aussi l’intelligence artificielle, elle n’est pas encore capable de rédiger des textes originaux.
Alors, même si cela impose beaucoup de contraintes, nous voulons que nos auteurs soient présents à chaque étape. C’est leur livre, la maison d’édition est là uniquement pour le mettre entre toutes les mains…

La mise en page

Si la mise en page est bien faite, lecteurs et lectrices doivent se dire que c’est quelque chose de facile, qu’il n’y a rien de sorcier à mettre un texte en page.
Dans l’autoédition, on peut effectivement se simplifier la vie, en envoyant son fichier Word ou son PDF, puis ce sont les logiciels qui effectuent leur travail. Car, avec KDP, la plateforme d’autoédition d’Amazon, il suffit de transmettre son fichier pour ensuite avoir un livre imprimé.
Pour quelle qualité ?
L’auteur autoédité assume toute la chaîne de fabrication du livre. La présentation intérieure, donc du texte, ne relève pas de la plateforme, c’est à l’auteur de transmettre un fichier propre, pour un rendu agréable.
Et lorsqu’on veut faire les choses bien, on se rend compte à quel point c’est plus complexe que de simplement tenter de faire des marges avec Word. La mise en page n’est pas insurmontable, on peut apprendre, ou laisser faire un professionnel.

Pour bien faire, il faut travailler avec le logiciel qui est utilisé par tous les éditeurs à travers le monde, et d’ailleurs aussi par ceux qui publient des journaux ou des magazines : InDesign.
Nous n’en faisons pas la promotion, nous n’avons pas d’actions chez Adobe (ce qui est bien dommage), mais il se trouve qu’InDesign s’est imposé comme la référence.
Ce n’est pas un logiciel intuitif, ce qui implique que pour l’utiliser il faut suivre une formation. Lorsque vous l’ouvrez pour la première fois, si vous n’êtes pas guidé, impossible de savoir comment l’utiliser.
Encore une fois, il n’y a rien d’infranchissable, il faut juste avoir les bases.
Puis créer un modèle, selon les dimensions des livres et le type de présentation que l’on veut. C’est l’avantage : étant donné que InDesign a été conçu pour l’édition, beaucoup d’étapes peuvent être automatisées.

Pour plaire aux lectrices et aux lecteurs, un livre en format papier doit respecter les normes typographiques de l’édition.
Ce sont des normes très précises, qui ont été édictées au fil du temps. Les lecteurs sont habitués à une certaine façon de présenter le texte et même si, dans certains cas, on peut faire preuve de fantaisie, généralement il vaut mieux respecter ces normes : les marges, la numérotation, l’interlignage, l’espacement des mots, les césures, les retours à la ligne…
Si un texte ne respecte pas ces règles, il peut être le meilleur roman du monde, les lectrices et les lecteurs n’auront pas envie de le lire. Car ces normes sont là pour permettre un confort de lecture, pour ne pas perturber l’œil, pour laisser chacun entrer dans l’histoire, sans être dérangé par la présentation.
Alors oui, cela n’a l’air de rien, et semble même facile ou naturel. Simplement parce que tous les éditeurs respectent les normes. Et lorsqu’en tant que lecteur vous tombez sur un texte qui n’a pas été édité, vous abandonnez vite la lecture.

La mise au point de la maquette intérieure du livre prend environ trois jours, à un professionnel. Quand on débute, on peut y passer beaucoup plus de temps…

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